Bianca Edwige Fischer

"I've got a pocket full of Sunshine"

Welcome to my life

"Sticks and stones are never gonna shake me."

~ Berlin janvier 1988 – janvier 2010

On ne peut jamais savoir à l'avance où l'on va naître, dans quelle famille on va être élevé, est-ce qu'il fera beau le jour de notre naissance ? J'étais loin de penser que j'allais naître dans un monde en guerre.Je m'appelle Bianca et je suis né à Berlin en 1988, pendant la guerre froide. Je n'ai pas connu mon père tout de suite, le jour de ma naissance ma mère était seule. Je ne m'en étais même pas rendu compte, et comment aurais-je pu comprendre pu comprendre que le pays dans lequel j'étais était séparé en deux. Malheureusement j'ai du grandir dans une Allemagne déchirée. Alors que je n'étais pas encore né mes parents ont eu des problèmes d'argent, mon père a du aller chercher un travail du côté Américain et il n'a jamais pu revenir jusqu'à ce fameux 9 novembre 1989, j'allais presque avoir deux ans et je découvrais un père épuisé et ravagé par la guerre. Mais fort heureusement mon père était un homme résistant et le bonheur de revoir ma mère et son enfant lui a suffit pour retrouver de sa vigueur. Les temps de guerre sont difficiles, même si je n'étais qu'un nourrisson ça se ressent. De toutes manières il n'aurait rien pu nous arriver puisque mes parents ne sont pas juifs et je suis blonde aux yeux bleus, j'étais ce qu'on appelle une Aryenne. Au fil du temps j'ai commencé à comprendre la guerre, Hitler, les juifs, et depuis j'ai toujours détesté ce monsieur moustachu qui avait fait du mal à tant de gens, et à mes parents. J'étais une fille brave et je m'amusais à jouer les héroïnes. « Tu sais papa, si le monsieur était venu me chercher pour que je fasse partie de sa jeunesse aérienne il serait repartie sans moi ! J'aurais dit non tu sais, je ne serais jamais partie ! Et na ! » Ce qui avait pour effet de faire rire mon père aux éclats. Comme j'aimais son rire, mon père était un bel homme, usé par le temps et le travail, mais il avait ce visage chaleureux. Après la réunification de l'Allemagne notre famille était redevenue heureuse et entière, enfin, je ne voulais jamais que ça change. J'étais une petite fille pleine d'énergie, portant le nom d'une souris de dessin animé. Je disais tout le temps que j'attendais impatiemment mon Bernard et ma mère n'arrêtait pas de me dire qu'un jour je trouverais le meilleur des Bernard.
A mes six ans j'ai fait ma rentrée à l'école primaire, au début c'était un peu dur de se faire une place, entre les moqueries et la haine qui existait encore envers les juifs.Moi j'avais un ami, Silberman, il était juif et il avait réussi à survivre à tout ce massacre, c'était un des garçons les plus gentils que j'ai rencontré, mon premier amoureux. On formait une sorte de couple improbable et les autres enfants n'aimaient pas ça. Souvent ils s'amusaient à jeter des cailloux sur Silber, mais moi je souriais, je le prenais par la main et je l'emmenais vers un monde plus ensoleillé. Le soleil a toujours était mon plus grand atout, j'avais la capacité de l'amener partout où j'allais. Mon père m'appelait « mon petit rayon de blé ». Silber est resté à l'école jusqu'à la fin de la primaire, on avait 10 ans, on était amoureux, on avait vécu pleins de choses ensembles, des choses d'enfants certes, mais pour nous ça représentait beaucoup. Mais son entrée au collège il ne l'a pas fait ici, l'été de ses 10 ans, lui et sa famille ont emménagé en Angleterre, ils avaient besoin d'un changement de décor, de vie. Je dois dire que je l'ai plutôt mal vécu, lui et moi on partageait quelque chose que nous seuls pouvions comprendre. Après son départ j'ai décidé de ne plus tomber amoureuse et de me concentrer sur autre chose, ma culture cinématographique et littéraire par exemple. Je passais mes journées à regarder Bambi, Sissi l'impératrice et à lire des romans de capes et d'épées. Et puis finalement l'enfance est passée plus vite que je ne l'aurais cru.

A 18 ans je suis entrée à la fac, je voulais à tout prix étudier en commerce et en marketing. J'étais jeune, fraîche et pétillante. J'étais prête à me donner à fond pour réussir dans mes études tout en gardant mon côté énergique et exubérante. J'ai toujours aimé m 'amuser et rendre la vie plus agréable chaque jour. Pourquoi s'en priver ? J'étais une des meilleure de ma promotion, les études me passionnaient et je pouvais passer des heures sur un devoir sans broncher le sourire aux lèvres. Si quelqu'un avait des difficultés j'étais toujours la première à être sollicité, les gens savaient qu'avec moi on s'amusait, même si c'était du boulot. Finalement ce qui devait arriver arriva, je suis retombée amoureuse. Il s'appelait Eddie, il était étudiant à la fac lui aussi, simplement il avait un an de plus que moi. Il était grand, beau, blond aux yeux verts. Il avait des traits parfaits et un corps de rêves, ses boucles blondes vous faisait tourner la tête. C'est lui qui m'a remarqué en premier, et je ne l'aurais jamais cru parce qu'Eddy c'est vraiment un peu mon contraire. Il est plutôt calme, distant, il a une part de mystère. Mais il disait que ce qu'il aimait chez moi c'est que je lui apportais tout ce qu'il manquait à sa vie monotone, de la fraîcheur, de la joie et de l'énergie. Au début j'étais sceptique, j'ai mis du temps avant de me rendre compte qu'il me faisait du rentre dedans, puis je suis tombée raide dingue de lui. On a commencé à sortir ensemble quand j'avais 21 ans, j'étais dans ma dernière année et il avait fini les cours. Il cherchait un boulot alors que moi j'étudiais encore. Je pensais avoir trouver mon Bernard. J'étais tellement sûre que c'était un homme parfait qu'on a emménagé ensemble dès que mes études furent terminé, j'avais 22 ans et j'étais amoureuse.



~ Berlin 2010-2014


Je jette un œil à l'appartement, mes yeux balayant les coins et recoins où des restes de nourriture, des vêtements sales et des bouteilles vides jonchent le sol. Je soupire longuement, et pose mon sac, mon corps glissant lourdement sur la première chaise qui s'offre à moi. Je suis exténuée. Je pose mon regard sur une masse bien vivante mais morte à la fois, Eddy ronflait complètement amorphe, sans doute assez alcoolisé. J'avais envie de rager, je travaillais toute la journée pour nous payer ce trou à rat étant donné qu'Eddy n'avait pas encore trouvé de boulot et tout ce qu'il faisait c'est dépenser l'argent des courses dans bières, pizzas et autres. Et évidemment faire le ménage ou chercher activement ne lui venait pas à l'idée. L'amour c'est nul, si je ne l'aimais pas il y a bien longtemps que j'aurais mis de l'ordre dans ma vie. Je m'approchais de lui et le secouai avec vigueur, jusqu'à ce qu'il commence à grogner. « Eddy ! Allez bouges toi là ! » Mais voyant qu'il ne bougeait pas d'un poil je haussais le ton, désespérée. « Woooow ! Réveilles toi ! C'est quoi ce bazar ambiant ? T'aurais pas pu ranger ? » Eddy commence enfin à se relever et je vois dans ces yeux qu'il n'est pas de bonne humeur et que ça va sûrement me retomber dessus. Sans que je m'y attende il frappe violemment contre le mur se lève d'un bond et me plaque contre le mur opposé, le poing levé. Instinctivement je tourne la tête, tentant tant bien que mal de la protéger mais le coup est parti sans que je n'y puisse rien faire. « Tu vas me foutre la paix ! Tu crois que tu peux te ramener et me faire chier avec ta jolie tête blonde ? Putain ! » Je crie sous la douleur du coup, ma bouche en feu et je me laisse glisser contre le mur tremblante. J'observe des gouttes rouges tombaient à Terre. Je me recroqueville sur moi même mais je ne pleure pas, je garde ma dignité, ce n'est pas la première fois qu'Eddy me frappe, mais je déteste quand il touche mon visage, ce n'est pas dissimulable.
Je sais très bien pourquoi il réagit comme ça, pourquoi il est si destructeur, la jalousie s'est emparé d e lui quand j'ai trouvé du boulot tandis qu'il ramait toujours à en trouver. Il se sent impuissant, je paye le loyer, je paye les courses, il vit à mes dépends et ça le rend malade. Et c'est la seule manière qu'il a trouvé pour l'exprimer...
Mais il est tout pour moi, et je n'arrive pas à faire autrement. J'ose penser qu'il arrêtera, qu'il trouvera un boulot et qu'on sera enfin heureux comme avant. Mais au fil du temps ça empire. Je fais ce que je peux, je travaille dur toute la semaine, j'aime mon boulot. Je travaille pour une grosse entreprise allemande, j'ai un poste intéressant et plutôt bien payé mais je suis fatiguée. Les coups sont de plus en plus durs à encaissé et à dissimulé, je ne peux pas prétexter à une chute toutes les semaines.
Eddy s'approche de moi, les mains tremblantes, le visage grisé, il ne sait pas ou se mettre, il fait toujours ça. « Oh putain ! Je , je suis désolé. Je sais pas, je sais pas ce qu'il m'a pris ! Putain ! Mais qu'est-ce que je fais ! » Je le regarde d'un air absent, je l'observe sans l'observer de mes yeux bleus teintés de rouge. Je ne peux pas vraiment parler pour l'instant, ma bouche me fait l'effet d'un immense brasier accompagné d'une aiguille à coudre qu'on plante et déplante. Je le regarde, je ne dis rien, je ne pleure pas, je ne suis pas faible. Je me relève, je redresse ma tête et mes épaules, il ne prendra pas ma fierté et mon allure gaie. Je sors de l'appartement en attrapant mon sac sans dire un mot. Je vais chez le seul ami au courant, un collègue de travail qui est devenu bien plus que ça, Ted. Ted est un homosexuel assumé et mon plus grand confident. Il est le seul devant lequel je me laisse aller. Dehors il pleut des cordes, les gouttes tombent sur moi avec une force épuisante, c'est comme si on me jetait des pierres. Je n'ai pas pris mon parapluie et je ne me sens pas d'y retourner. Je m'installe dans ma mini cooper rouge et noir et je démarre le moteur. Une fois arrivée à destination je cours sur la pluie jusqu'au perron en espérant que Ted soit là, sinon je serais obligé de passer la nuit sous le perron, je ne peux pas retourner avec Eddy aujourd'hui. Je sonne, grelottante et trempée, heureusement pour moi un visage connu et chaleureux m'ouvre dans la minute. « Mon dieu ma chérie ! » Je cours dans ses bras et fonds en larmes.
Assise près du feu, une tasse de café à la main et une couverture sur le dos je regarde Ted s'installer à côté de moi. « Je suis désolée si je t'ai mouillé, et pour le dérangement aussi. Je ne pouvais aller voir que toi. » Il soupire et pose une main sur mon épaule. « C'est pas grave petit cœur, mais tu peux plus continuer comme ça. Regarde ce qu'il fait à ton joli visage d'ange. » Je souris et retiens un rictus de douleur. « Je vais t'arranger ça. Tu vas changer de vie mon chou. » Je me demandes ce qu'il veut dire par là alors que je l'observe se munir de cotons et d'alcool et m'incendier la lèvre. « Aouch ! C'est pas très agréable ! » Il se met à rire doucement. « T'en fais pas, c'est la dernière fois, je peux t'en assurer. » Mon cœur fait un bond tandis que j'arbore une moue interrogatrice. « M'en assurer ? Heum, me dis pas que tu... » Il éclate de rire cette fois-ci. «Mais non souris blanche ! Je t'ai trouvé un super plan, loin de toute cette misère. Une îlot de soleil, comme toi, c'est ce qu'il te faut non ? Écoute je t'explique. J'ai des relations sur un archipel, les îles Cook, tu connais ? Eh bien c'est un regroupement de trois îles qui forment un grand archipel, alors plage, surf, bogoss ténébreux, là bas tu seras servie. Le pdg d'une entreprise de surf cherche un assistant, le poste est plutôt bien payé et apparemment ils sont pas trop mal par là bas. J'ai dit au gars que je connais que je lui avais trouvé l'assistant parfait, il me fait confiance, ils t'attendent. Tu n'as plus qu'à prendre tes billets ma belle ! » Des larmes de joie me remplissaient les yeux, je n'avais jamais quitté mon Allemagne natale mais là ce changement ne pouvait pas mieux tomber. Je sautai dans ses bras. « T'es trop parfait toi tu sais ! Je te remercierais jamais assez!» Il me prends dans ses bras à son tour et passe sa main sur mon dos. « Ils seront heureux de t'avoir là-bas crois moi, un rayon de soleil permanent comme toi c'est pas tous les jours qu'on en voit. On va te regretter dans la boîte. » Il me pince le nez et je souris en le remuant.

Quelques jours après, j'avais mes billets, j'avais trouvé une maison étonnamment pas très chère en location. Je n'étais pas encore retournée à mon appartement, je ne voulais pas tomber sur Eddy mais il fallait que je récupère mes affaires essentiels avant de partir. Je profitai d'une de ses après-midi musculation pour faire un tour rapide chez moi, je m'empressai de fourrer dans de grands sacs tout ce qui m'appartenait. Je pris la télé, il n'a qu'à s'en acheter une après tout, ainsi que la console, je l'ai payé. Une fois le tout empaqueté je déposai tout ça à la poste en espérant le recevoir le plus vite possible. Mon avion part demain à la première heure, j'ai hâte et en même temps j'ai la boule au ventre, est-ce que je vais leur convenir ? Je ne parle pas parfaitement anglais, est-ce qu'ils vont me comprendre, est-ce qu'ils seront gentils ? Mais un jour passe tellement vite que l'on a pas le temps de réfléchir. J'ai passé la journée avec mes parents pour les au revoir, je n'aime pas les au revoir, c'est trop triste à mon goût.
Et sans que je m'en rende compte j'étais installée dans l'avion, une brochure à la main, la tête plongée dans les nuages, et au sens propre cette fois. C'est une nouvelle vie pour moi, je n'aurais plus de coups et blessures, plus de bazar chez moi, plus de disputes violentes. Je me demande ce qui m'attends, mais les hommes c'est fini pour l'instant, enfin je pense.


~ Cook's Islands – 2014


Après des heures de vol je mets le pied à Terre sur l'archipel. Je suis ébahis par la beauté des lieux, tout est si … lumineux, si ensoleillé, c'est tellement différent de l'Allemagne. J'ai même entend dire qu'il y avait encore des maoris. Je suis trop excitée. Je fais une visite rapide de ma maison, elle est pire que magnifique, spacieuse, ouverte, lumineuse, c'est tellement incroyable. Direction la boîte Easy Surf, mon futur lieu de travail, il faut bien que je rencontre mon patron et son associé. Je suis attendue. Je pousse la porte de la boutique et demande le bureau du pdg, après quelques indications je frappe enfin à la porte. « Entrez ! » Je pousse la porte avec énergie, je ne suis pas du genre trop timide. « Bonjour, vous devez être monsieur Kenning, je suis votre nouvelle assistante, Bianca ! Enchantée! » Il est plutôt bel homme. Il me regarde d'un air plus qu'ébahis, il a l'air surpris de me voir. Je viens de penser, Ted leur a annoncé qu'il avait trouvé UN assistant... « Ben vous avez perdu votre langue? » Je jette un coup d’œil au nom inscrits sur la plaque, Clark K. « Oh ! Vous êtes Superman !On se rencontre enfin ! » Je ris en lui tendant la main. Il a l'air paniqué et il rougis, c'est attendrissant. « B-Bonjour mademoiselle, le plaisir est pour moi. » Il ris nerveusement. « Je vais vous conduire à votre bureau et vous expliquer un peu votre poste et le fonctionnement de l'entreprise. » Il se racle la gorge, on dirait qu'il en perd sa voix. Je le suis dans les couloirs et par mégarde je heurte une personne. « Oh pardon, je suis blonde ! » Ce qui est vrai. Un jeune homme blond plutôt sexy et charmant me dévisage alors de la tête au pied. « Clark c'est une nouvelle mannequin et tu ne me la présentes pas ? » Le pdg soupire. « Will, c'est ma nouvelle assistante, alors moins de familiarité et de plan drague tu veux. » Il a l'air encore plus heureux. « Oh mannequin ! Je suis flattée..William ? Je présume ? » Devant leur deux air ébahis j'emboîte le pas, je suis là pour travailler non ? Mais je sens que ça va être une collaboration intéressant, on est bien entouré ici.